Le voyage spatial représente l'un des thèmes majeurs de la science-fiction, et peut-être le plus ancien traité par ce genre littéraire. On peut en effet remonter à Cyrano de Bergerac, en 1650, et à son
Voyage dans la Lune (l'Autre Monde ou les Etats et Empires de la Lune) pour trouver une description de moyens de transports interplanétaires.
A deux reprises, le narrateur de ce roman philosophique tente de gagner la Lune, afin d'aller constater qu'il s'agit d'un monde comparable à la Terre. Dans sa première tentative, le narrateur utilise "quantité de fioles pleines de rosée", attirées par le soleil en vertu d'un principe physique inconnu.
Malheureusement, au bout d'une douzaine d'heures, le héros qui, tout en s'élevant au-dessus des nuées, s'éloigne de la Lune, se décide à redescendre sur la terre ferme en cassant une à une les fioles dont il est harnaché. C'est au Québec qu'il atterrit, et non en France, ce qui lui fait supposer qu'étant monté à la verticale, c'est la rotation de la Terre qui a changé son lieu d'atterrissage.
Sa deuxième tentative lui fait utiliser une machine qui pourrait se rapprocher des lanceurs à étages actuels : il s'agit d'une cabine en bois, entourée de "quantité de fusées volantes". Les premières phases de l'ascension ressemblent à celles de nos lanceurs classiques : "la flamme ayant dévoré un rang de fusées, un autre étage s'embrasait, puis un autre." Finalement, le héros parvient sur la Lune, après avoir été éjecté de son engin qui a brûlé la totalité de ses fusées, et été capturé par l'attraction lunaire.
Dans
les Etats et Empires du Soleil (paru en 1662, sept ans après la mort de son auteur), Cyrano met à nouveau en scène son héros du
Voyage dans la Lune et lui fait emprunter un moyen de locomotion tenant du carrosse ou de la chaise à porteurs : "une grande boîte fort légère et qui fermait fort juste", un engin de cristal doté d'une voile mue par les vents solaires.
Cyrano de Bergerac s'est donc appuyé sur l'hypothèse de l'énergie lumineuse des étoiles, vérifiée aujourd'hui par la science moderne. Simplement, cette énergie est si faible qu'il faudrait envisager des voiles solaires de dimensions imposantes (de l'ordre du millier de kilomètres) pour avoir une chance de convertir l'énergie photonique d'une étoile en force motrice effective.